La Médecine Traditionnelle
Définition et Situation
La médecine traditionnelle consiste à utiliser la nature, l’environnement à partir de connaissances et de pratiques thérapeutiques locales, dans le but de diagnostiquer, prévenir et éliminer une maladie, aussi bien une pathologie mentale, physique que sociale. Elle est souvent transmise de génération en génération. C’est une science et un art qui permet de rétablir l’équilibre nécessaire pour qu’une personne soit en bonne santé.
Contrairement à la médecine moderne qui est une médecine cartésienne, (basé sur un examen clinique, para clinique, qui conduit à un diagnostic des symptômes ou de la maladie puis une prescription d’un traitement clinique, biochimique ou synthétique), la médecine traditionnelle est pratiquée dans le monde et de plus en plus de chercheurs s’y intéressent. Ceci est du aux limites constatées de la médecine moderne qui a tendance à offrir des services et des biens sans prendre en compte l'Être humain et ses Valeurs.
En Afrique, la flore est une ressource abondante, diversifiée et précieuse, de plantes médicinales. Dans les forêts tropicales humides africaines, 30 000 espèces végétales ont été recensées et seraient utilisées à des fins thérapeutiques par la population indigène, souvent sans précautions particulières.
Environ 75% des habitants n’ont recours qu’à la médecine traditionnelle et non aux médicaments de la médecine moderne. Au fur et à mesure, des structures se sont mises en place. Par exemple, la pharmacopée regroupe les différents savoirs, méthodes d’utilisation des plantes médicinales et applications rendant plus officiel la médecine traditionnelle. En Afrique Occidentale on peut trouver les parties végétales utilisables dans les pharmacopée, chez les herboristes, étalant souvent leur marchandise dans les rues, ou encore dans la brousse.
Il est important que le guérisseur traditionnel fabrique leur préparation pour chaque patient. Malheureusement, il n’y a pas eu au fil du temps de traces écrites de la médecine traditionnelle, le nombres de Tradipraticiens a ainsi diminué. Les gouvernements africaines prenant conscience de la disparition progressive de son patrimoine ancestral que investit de plus en plus dans ce domaine.
Cependant, les forêts étant de plus en plus menacées, il serait impératif de préserver les espèces médicinales en développant par exemple, leur culture et ainsi garantir un approvisionnement durable et régulier.
Les Plantes Médicinales
La médecine traditionnelle est un concept complexe qui relève d’un ensemble de caractères matériels, intellectuels, moraux et artistiques d’une société donnée. Ils existent effectivement de nombreuses plantes ayant des effets thérapeutiques. Cependant, une diminution progressive de leur peuplement, de leur connaissance auprès de la population et de leur utilisation est à noter. Cela dénonce une banalisation de la Médecine moderne au dépit de Traditions. Les plantes médicinales contiennent toutes une ou plusieurs substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques ou étant des précurseurs dans la synthèse de drogues utiles. Elles sont utilisées entières ou en partie (feuille, tige, racine, écorce, fruit,…) dans des préparations galéniques. Ces préparations sont de plusieurs sortes. Pour obtenir une action optimale de la plante, il faut considérer plusieurs critères:
- la saison, car le composant actif des plantes peut varier en quantité et en qualité d’une saison à l’autre, cette variation est plus ou moins marquée selon les plantes;
- l’âge de la plante au moment de la cueillette, il détermine la quantité total de composants actifs et aussi la quantité relative de chaque composant;
- l’heure de cueillette, la teneur du composant peut varier dans l’espace de 24h, dû à l’interconversion de composés;
- la partie morphologique de la plante récoltée.
Pour un rendement optimal, les feuilles doivent être récoltées au moment où les fleurs commencent à s’ouvrir, le fleurs doivent être cueillies juste avant qu’elles ne soient complètement ouvertes; les organes souterrains (tels que racine, rhizomes) devraient être cueillis lorsque les parties aériennes commencent à se faner ou à mourir; l’écorce plutôt pendant ou après la saison des pluies car elle se laisse facilement peler de l’arbre; pour la gomme et les exsudats, il est préférable de les prélever en saison sèche.
Il faut à la suite de la cueillette éliminer les parties non désirées et les parties abîmées afin de ne pas contaminer ou baisser la qualité des extraits (feuilles décolorées, malades, attaquées). Ensuite, il est conseillé de sécher les parties de la plantes minces (fleurs, feuilles) à 20-40°C et les parties telles que racines, écorce, etc., nécessitent 30-65°C. Enfin, le temps de stockage devrait être le minimum possible pour éviter les moisissures et les parasites, d’autres plantes sont préférablement garder car cela améliore la qualité des substances actives.
Rechercher, Capitaliser, Partager et Revaloriser les Ressources Naturelles
Il faut partir des réalités culturelles et socio-économiques pour la valorisation et la préservation des plantes médicinales, en insistant sur les menaces dangereuses que certaines méthodes d’approvisionnement font peser en matière de régénération des espèces. Il faut une convergence d’actions afin de protéger les espèces les plus fragiles de l'environnement. C’est-à-dire, les végétaux qui permettent de sauver des vies et de garantir la nutrition.
C'est très importante des échanges d’expérience sur les techniques de cueillette de plantes médicinales entre les chercheurs, les utilisateurs et les populations et l’aspect culturel en matière de sauvegarde des végétaux, en ce sens que l’activité est fortement ancrée dans les Traditions. Ça signifie rechercher, capitaliser et partager les connaissances pour un monde qui conserve et valoriser les ressources naturelles. Les connaissances ancestrales et celles tirées de la recherche se prêtaient conséquemment à une utilisation immédiate en partant des connaissances des Tradipraticiens, des vendeurs de plantes médicinales et des responsables des aires mises en défens.
Gestion participative des ressources naturelles et plantes médicinales signifie la promotion de l’intercommunalité pour mieux gérer les ressources naturelles, avec l’appui à la formation locaux en matière de gestion de l’environnement et des ressources naturelles et enfin l’incitation d’une politique de reboisement de plantes médicinales et de conservation des espèces les plus menacées, en considérant l’importance et la nécessité de développer les conventions locales et l’urgence des actions de protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles à mener.
C'est très importante évoqué les perspectives de développement qui reposent sur l’agriculture, l’élevage, la gestion décentralisée des ressources naturelles et le renforcement des capacités d’action des collectivités locales. Malgré l’initiation de nombreuses politiques de reboisement, les résultats n’ont pas souvent été positifs du fait d’une insuffisante implication des populations. Les plantes médicinales n’échappent pas à ce phénomène, surtout dans un contexte de pauvreté de plus en plus confirmé, aussi même si la majeure partie de la population fait recours à la médecine traditionnelle et aux plantes médicinales.
L’utilisation des plantes médicinales présente plusieurs aspects sur l’environnement qui peuvent découler de la déforestation et les agressions sur les zones de croissance de l’appareil végétal de la plante notamment les écorces, les racines et les branches. Il y a réellement le danger de disparition de certaines espèces de plantes médicinales du fait de la trop forte pression des phytothérapeutes, des agriculteurs à la recherche de nouvelles terres de culture et des feux de brousse.
Impact des Plantes Médicinales
Les statistiques ont montré que la plupart des ménages africains et européens ont recours aux plantes médicinales. Tout le monde reconnaît, l’OMS en tête, que près de 85% de la population africaine au sud du Sahara ont recours aux médecines traditionnelles (guérisseurs, Tradipraticiens) pour les problèmes de santé. Ce qui crée, au-delà même du marché sous-régional, un facteur d’intégration.
C’est pour dire donc que c’est un phénomène continental. L’utilisation des plantes médicinales est devenue une réalité un peu partout. Cela montre l’importance de l’utilité des plantes médicinales. Et si l’on regarde le nombre d’utilisateurs, on se rend compte que la médecine moderne ne suffit plus pour satisfaire les problèmes de santé des populations.
Les expériences “in situ” sur la flore médicinale, mise en défens et essais de régénération assistée par les populations, entrent dans le cadre de la lutte contre la désertification et l’érosion génétique de la flore médicinale dans les écosystèmes agro-sylvo-pastoraux.
La formation et l’organisation des guérisseurs, le développement de la collaboration entre Médecine Traditionnelle et Médecine Moderne, sont véritables agents d’information, d’éducation et de communication sanitaire auprès les populations locales, favorisant au même temps la sauvegarde de ces Savoir Traditionnels.
La Valorisation des Pratiques de la Médecine Traditionnelle
L'objectif général doit être de contribuer à la conservation de la diversité biologique du Mali, par l'utilisation durable des plantes médicinales dont le rôle dans la couverture sanitaire des populations défavorisées. Les objectifs spécifiques sont:
- Connaître l'importance des plantes médicinales au niveau de l'économie des ménages et au niveau national;
- Identifier de manière participative les causes socio-économiques et bio-physiques de la dégradation des plantes médicinales et la perception qu'en ont les populations;
- Appuyer les populations (tradithérapeutes, herboristes...) à trouver les moyens de disposer facilement de la biomasse utile au moment opportun et diminuer la pression humaine et biophysique sur les peuplements naturels de plantes médicinales;
- Appuyer la mise sur pied d'un cadre d'échange d'informations entre les différents intervenants dans l'utilisation et la valorisation des plantes médicinales. Appui aux groupements de producteurs, expérimentation de nouvelles méthodes de conservation in situ, traitement et échange d'informations et sensibilisation des écoles.
Le 25 % des médicaments modernes sont préparés à base de plantes qui, au départ, étaient utilisées traditionnellement. La médecine traditionnelle au Mali peut joué une rôle comme facteur de développement durable d’un territoire. Les pays africains devraient restaurer la gloire de la médecine traditionnelle et perpétuer la culture de son utilisation et permettre de mieux vulgariser les plantes médicinales pour que leur utilisation soit un «réflexe familial et populaire». Il faut souligné l’importance des plantes médicinales au niveau des ménages. La mise en place des plantes médicinales dans les officines de santé permettra une meilleure accessibilité de la santé aux populations et la valorisation des médicaments de types traditionnels longtemps exploités par seulement les Tradipraticiens.
La Pharmacopée Traditionnelle de l'Afrique de l'Ouest
L'Afrique est réputée pour la richesse de sa flore. En effet, plus de 200 000 espèces végétales sur les 300 000 répertoriées de nos jours sur l'ensemble de notre planète, se trouvent dans des pays tropicaux d'Afrique et d'ailleurs. Les pays africains sont extrêmement riches en ressources à valoriser.
Ces ressources, souvent méconnues, sont variées. Le règne végétal, il offre les possibilités les plus nombreuses et les plus variées: plantes médicinales ou aromatiques, plantes à teintures ou à stéroïdes en plus, bien sûr, de former la base de l'alimentation humaine.
Les données disponibles résultent de recherches menées pour confirmer l'efficacité de certains remèdes à base de plantes. Certaines utilisations des plantes composant les recettes traditionnelles ont été validées et les principes actifs isolés. Les efforts, en Afrique, sont dirigées vers l'établissement de preuves scientifiques de l'efficacité des plantes médicinales, afin d'incorporer ces dernières dans les systèmes nationaux de santé et d'éliminer celles qui sont toxiques. Ceci devrait encourager la production de médicaments sur place. Une telle entreprise réduira, à la longue, la dépendance totale de certains pays africains vis à vis des médicaments importés et leur donnera plus de confiance dans leurs propres services pharmaceutiques.
Le manque de document didactique ou pédagogique complet a fait que la médecine traditionnelle en Afrique n'est pas aussi valorisée qu'en Chine ou en Inde. Nous assistons à la disparition progressive des Tradipraticiens et, avec eux, à l'extinction du Patrimoine Ancestral. Cette prise de conscience a fait naître, chez la plupart des gouvernements africains, le désir de préserver le réservoir naturel du continent. En effet, depuis quelques années, de nombreux chercheurs ont commencé à étudier scientifiquement les plantes utilisées en Médecine Traditionnelle.
L'utilisation traditionnelle des plantes médicinales est d'une grande importance socio-économique dans la majorité des pays de l'Afrique de l'Ouest. Au Burkina Faso, Niger et au Ghana, plus de 80% de la population utilisent des plantes médicinales. Au Nigeria, plus de 90% de la population rurale et plus de 40% en milieu urbain dépend de la Médecine Traditionnelle. Les plantes médicinales sont utilisées par la population elle-même et par les Tradipraticiens. Par exemple les bâtons masticatoires de Garzinia afzelii et Garzinia epinudata au Ghana et au Nigeria et Laphira lanceolata en Guinée (consommation nationale: 100 millions/an) sont des plantes médicinales importantes.
L'importance de la Médecine Traditionnelle est mise en évidence par le nombre de Tradipraticiens comparé au nombre de médecins formés à l'occidentale. Au Ghana et au Nigeria, la proportion de docteurs en par rapport au Tradipraticiens est estimée à 1 sur 92 et 1 sur 149 respectivement. Les Tradipraticiens sont déjà officiellement reconnus dans les pays comme le Nigeria et le Ghana, où 4.000 guérisseurs sont officiellement enregistrés, 500 au Burkina Faso.
Ce dont les pays du Sud ont besoin, d'abord et avant tout, c'est de valoriser leurs ressources afin de répondre à leurs besoins, de créer des emplois et de générer des revenus pour leurs populations, tout en préservant l'intégrité de l'environnement local.
Les projets, les plus intéressantes, portent sur ce qu'on a appelé les produits chimiques d'origine végétale, les produits agricoles non traditionnels ou les produits forestiers non ligneux. Il s'agit de transformer ces produits végétaux en produits à valeur commerciale plus élevée. Il peut s'agir d'huiles végétales, d'H.E., de cires, de résines ou de gommes, ainsi que de produits dérivés par des moyens physiques d'extraction.
L'utilisation de ces produits naturels est variée et parfois connue depuis des centaines d'années par les populations locales. Dans les aliments et les boissons, on les utilise comme arômes, colorants, antioxydants, agents de conservation, épaississants, émulsifiants et édulcorants, dans le domaine des cosmétiques et des parfums, sont utilisés comme médicaments ou insecticides. Enfin, d'autres sont commercialisés comme produits intermédiaires par l'industrie chimique.
Les Huiles Essentielles
L'Histoire des Soins par le Plantes Aromatiques
Depuis des temps immémoriaux, les peuples indigènes de toute les civilisations du monde ont utilisé les plantes pour se soigner. Les H.E. offrent en cela une matière exceptionnelle car leurs fragrances pourront agir sur le mental tandis que leur concentration biochimique de principes actifs terpéniques traitera les divers troubles organiques associés.
Calmantes, revigorantes, voluptueuses, relaxantes, les H.E. ont de nombreux effets à la fois physiques et subtilement psychologiques. Elles sont utilisées depuis des milliers d’années en aromathérapie pour leurs valeurs thérapeutiques, en cosmétologie, en pharmacie, en gastronomie et, plus récemment, comme pesticides biologiques.
Aujourd'hui, un grand nombre de médicaments usuels trouvent leur origine dans la matière végétale sans que la synthèse chimique puisse copier parfaitement la perfection de la nature. Mais l'aromathérapie est avant tout reliée à la tradition médicale française. Au début du 20° siècle, la grande révolution industrielle a tout misé sur l'essor de la chimie de synthèse, laissant à ce moment les substances végétales phyto-aromatiques dans leur starting block.
Aujourd'hui, alors que l'homme et la terre ne cessent de souffrir des abus qui se sont créés ces dernières années les patients se voient proposer une autre approche thérapeutique pour préserver leur santé et leur art de vivre. Les médecines alternatives confirment leur succès et la phyto-aromathérapie explique scientifiquement sa remarquable efficacité. Il est hors de question d'engager une lutte sans merci entre le tout de synthèse et le tout naturel. Restons objectifs et ouverts: reconnaissons les bienfaits que l'allopathie classique a apporté et admettons l'efficacité des principes actifs naturel. Il n'existe pas d'incompatibilité à ce que ces deux modes de thérapie puissent coexister parce que leur différence n'est pas toujours aussi énorme que ce qu'on veut bien laisser paraître.
Qu’est-ce qu’une Huile Essentielle ?
L’H.E. est ce qui donne le parfum d’une rose, d’un pied de menthe, d’une feuille de laurier, de la sève d’un pin, d’une branche de thym ou encore d’une racine comme la carotte. L’H.E. est donc sécrétée par une partie spécifique du végétal (graine, fleur, feuille, fruit, écorce, pépin, bourgeon, aiguille, racine, fève) ou parfois par la plante entière. Les aromathérapeuthes utilisent ces huiles pour leurs caractéristiques olfactives comme pour leurs vertus curatives. En effet, si ces plantes dégagent un parfum si fort, c’est aussi pour les végétaux un moyen d’alerter les insectes chargés de les polliniser, et de se défendre contre les bactéries et les insectes ou animaux qui tenteraient de les manger.
Comme son nom ne l'indique pas, les H.E. ne contiennent pas de corps gras comme les huiles végétales obtenues avec des pressoirs (huile de palme, de maïs, d'arachides, etc.). Il s'agit de la sécrétion naturelle élaborée par le végétal et contenue dans les cellules de la plante, soit dans le calice, la tige, l'écorce ou tout autre partie de la plante.
Selon l'huile désirée, on prendra tout ou partie d'une plante spécifique pour en extraite la quintessence, la structure biochimique, afin de la capturer à des fins médicales ou hygiéniques. La composition des H.E. est très complexe. Terpènes, aldéhydes, cétones, phénol, lactones, esters, sont des composants que l'on retrouve dans les H.E.. Très volatiles, les H.E. ne rancissent pas, sont solubles dans l'huile et dans l'alcool, mais pas dans l'eau.
Comment Fabrique-t'on une Huile Essentielle?
Il existe plusieurs méthodes d'extraction des H.E.. Le procédé le plus courant est la distillation à la vapeur d'eau. Trois cuves sont reliées entre elles par de minces tubes. La première cuve reçoit de l'eau et la seconde les plantes. L'eau est doucement chauffée et la vapeur passe dans la cuve contenant les plantes. La vapeur circule à travers les plantes et se charge des principes actifs. Puis elle s'échappe par un long tuyau fin en forme de serpentin qui baigne dans un récipient d'eau froide.
La vapeur, ainsi refroidie, se condense en gouttelettes et arrive dans la troisième cuve: l'essencier. Les H.E. étant plus légères que l'eau, il suffit de les récupérer en surface, tandis que l'eau qui se trouve en dessous sera utilisée pour créer des eaux florales et des hydrolats.
L'expression mécanique à froid c'est la méthode utilisée pour prélever l'H.E. des zestes d'agrumes. On presse, on récolte et basta! L'enfleurage est une méthode qui n'est plus guère utilisée, (coût, travail, rendement moindre). Il s'agit de placer les fleurs sur un corps gras purifié et de laisser les arômes pénétrer le corps gras. Une fois l'arôme des fleurs "pompé", on les retire et on remet des fleurs fraîches, jusqu'à saturation du corps gras. La pommade ainsi obtenue, la suffit de la nettoyer, puis d'y ajouter de l'alcool. Au bout de 24 heures, le corps gras et les H.E. sont séparés. Il ne reste plus qu'à recueillir la précieuse H.E.!
L'expression à froid est le moyen le plus simple mais aussi le plus limité puisqu'il n'est valable que pour extraire l'essence contenue dans les zestes frais d'agrumes: citron, mandarine, limette, pamplemousse, orange douce, bigaradier, hystrix, bergamote, citron vert,... Le produit obtenu se nomme "essence" et non H.E.. La distillation par entrainement à la vapeur d'eau reste la technique d'extraction la plus répandue. L'efficacité biochimique d'une H.E. dépendra pour une grande partie de la manière dont la distillation aura été conduite.
Distillation à la vapeur d'eau
Principe d'Extraction des Essences et des Huiles essentielles
Une aromathérapie médicale utilisera uniquement des produits aromatiques issus de l'expression à froid ou de la distillation à la vapeur d'eau. Mais, avant tout, le thérapeute doit scrupuleusement sélectionner les H.E. sur des critères de qualité optimale. L'aromathérapie est une médecine aromatique.
Cette science doit se baser sur des connaissances botaniques précises. Pour ces raisons, il est indispensable de suivre la dénomination scientifique latine au détriment d'un langage vernaculaire imprécis et parfois trompeur. L'identification de la plante revêt toute son importance dès qu'elle sert à traiter les maladies.
Ensuite, le choix de la plante doit se porter sur du matériel végétal sauvage et sain, c'est-à-dire, à l'abri de pollutions atmosphériques éventuelles. La qualité industrielle sera, délaissée car l'aromathérapie ne peut se satisfaire de cultures poussées à l'extrême où engrais, pesticides et insecticides sont parfois utilisés de manière intensive. La récolte ou la cueillette des plantes est soumise à des consignes sévères sous peine de passer à côté de leur puissance d'action. Cette récolte a lieu au moment où certains organes de la plante sont le plus concentrés en essence. Cet instant varie d'une espèce à l'autre. La période végétative à laquelle la plante est récoltée est capitale parce que sa composition biochimique et donc ses propriétés thérapeutiques varient selon son cycle végétatif.
L'heure de la journée a aussi une importance déterminante pour la qualité de l'H.E.. Connaître la notion de "chémotype" est indispensable dès que l'on aborde l'aromathérapie. Cette précision apportée à l'H.E. permet de définir la (les) molécules(s) biochimiquement active(s) sur un certain nombre de pathologies cliniquement étudiées. La mise en évidence du chémotype s'explique du fait qu'une même plante aromatique, synthétise une essence qui sera biochimiquement différente en fonction du biotype dans lequel elle se développera ainsi, la nature du sol, l'altitude, le soleil, les conditions climatiques jusqu'aux populations végétales avoisinantes sont autant d'éléments qui influenceront l'essence fabriquée par la plante.
Une plante aromatique fournira donc des H.E. totalement différentes en fonction de leur lieu de récolte ou d'origine. Biochimiquement différents, deux chémotypes présenteront non seulement des activités thérapeutiques différentes mais aussi des toxicités très variables.
Les H.E. sont composés d’un grand nombre de constituants chimiques connus et possèdent une concentration rarement rencontrée dans les produits courants. Chaque huile apparaît comme un mélange indissociable doté de vertus thérapeutiques très intéressantes.
Le Marché des Huiles Essentielles
Les H.E. sont considérées comme des produits à très haute valeur ajoutée destinés à plusieurs secteurs industriels: l'industrie agro-alimentaire, l'industrie chimique et la parfumerie et l'aromathérapie. Le Marché Mondial des Parfums et Arômes dépasse aujourd’hui les 25 Milliards de Dollars US /an. Ce dernier débouché contribue actuellement à l'émergence du marché des H.E. biologiques. L'enthousiasme croissant des consommateurs occidentaux pour tous les produits dits "naturels" (sous-entendu "sains") contribue à accroître régulièrement son potentiel. Aujourd'hui, on recense plus de 3000 sortes d'H.E. extraites des racines, des écorces, des feuilles, des graines, des fruits et des fleurs de divers végétaux; 500 d'entre elles font l'objet d'une commercialisation.
Les importations d’H.E. ont connu une augmentation considérable aux États-Unis, comme en Europe, suite à l’émergence de l’aromathérapie qui inclut l’usage des H.E. dans les bougies, les huiles de massage, les parfums et les usages à des fins thérapeutiques et médicinales. Les H.E. sont recherché par les producteurs des savons, détersifs, désodorisants, parfums et autres produits domestiques.
La demande du consommateur pour les produits à base de plantes naturelles dans les produits alimentaires, les parfums et les produits de soins personnels croit tandis que l’usage de produits synthétiques décline.
Les chaînes de magasins, des compagnies qui ont plusieurs magasins dans plusieurs endroits, émergent maintenant dans le domaine de l’aromathérapie par suite de fortes demandes du consommateur et de leur capacité à emballer en petites quantités. Le marché pour les H.E. peut être réparti par usages allant de la vente au détail aux usages industriels, lesquels représentent les plus grandes importations en volume. Le secteur des boissons gazeuses s’avère un gros consommateurs d’H.E..
Le secteur agro-industriel de production d’H.E. contribue à l’économie agricole et à une bonne balance commerciale, mais les méthodes utilisées dans la production artisanale d'H.E. ne permettent pas toujours d'atteindre le niveau de qualité requis pour le commerce d'exportation. Les négociants internationaux exigent des procédés fiables nécessitant des équipements modernes et des mises de fonds importantes.
Les pays de l'Afrique subsaharienne, riche en biodiversité, ne participent pas à ces échanges mondiaux. C'est le cas des pays d'Afrique Occidentale, abritant de nombreuses plantes à H.E. et des plantes aromatiques n'exporte paradoxalement pas des H.E..
Nombreux sont les pays africains qui bénéficient d'un bon potentiel de production et de commercialisation des H.E.. Toutefois beaucoup d’efforts restent à fournir pour garantir la bonne rentabilité de ce secteur. Il manque de rigueur en ce qui concerne l'approvisionnement en matières premières, le contrôle de la qualité et les techniques de production. On a la nécessité d'organiser le secteur d'une façon professionnelle. Le marché des H.E. est attrayant mais difficile à conquérir, car la qualité des produits y est une priorité.
La production et l'exportation d'H.E. conventionnelles, gommes-résines et concrètesa partir des plantes aromatiques certifies biologiques recèlent divers atouts, tant au niveau de leur culture, que de leurs potentialités commerciales a destination de l'industrie cosmétique. Les paysans contribuent ainsi a protéger et conserver les sols, respecter et maintenir la biodiversité, mettre en place des dispositifs anti-érosion, gérer l'eau rationnellement et assurer la fertilité du sol.
La Demande Internationale d’Huiles Essentielles
L’industrie des parfums et des arômes est dominée par un petit nombre des sociétés multinationales qui sont estimées à produire environs 60% à 80% des parfums, arômes et composants naturels et synthétiques utilisés mondialement. Les importations mondiales des H.E. ont augmenté régulièrement en valeur, soit de 5% par année en moyenne.
Les H.E. sont traditionnellement utilisées en général en quantités réduites, comme ingrédients dans la fabrication des parfums et des arômes utilisés dans la manufacture des produits alimentaires, des boissons et des préparations pharmaceutiques, ainsi que des produits pour l’hygiène personnelle et pour le nettoyage (produits cosmétiques et de soin, de toilette, détergents et produits d’entretien, des parfums et de déodorants d’ambiance, ainsi que de nettoyage ménager ou industriel).
Les H.E. sont utilisés dans les brasseries et les laiteries où ils servent à aromatiser des boissons gazeuses, des crèmes glacées et yaourts. Les savonneries sont les plus grosses consommatrices de ces produits qui servent à parfumer les pains de savon. L'industrie cosmétique qui est très développées en Afrique de l'ouest utilise les H.E. dans la fabrication des pommades, crèmes, parfums et divers autres produits de beauté.
Des nouveaux domaines d’utilisation des H.E. incluent les médecines et les thérapies alternatives, tels que l’homéopathie, les massages, l’acupuncture et l’aromathérapie, ainsi que le traitement des textiles par micro encapsulation. La demande des consommateurs pour les produits aromatiques et des H.E. «naturelles» s’accroît, en dépit de l’augmentation de la part des produits synthétiques de substitution. Les produits «naturels» sont perçus comme étant meilleurs pour la santé et favorables du point de vue environnemental.
La demande des H.E. est déterminée par des notions fondamentales, tels que la population, son taux de croissance et son pouvoir d’achat, ou les fluctuations des taux de change. D’autres considérations sont spécifiques aux segments de marché où les produits sont utilisés:
- dans les industries alimentaires et des boissons, la législation de plus en plus stricte concernant l’utilisation et l’étiquetage des produits naturels et synthétiques favorise l’emploi des produits naturels, y compris des H.E.;
- dans le secteur des produits cosmétiques et de soin personnel, l’accent mis sur le maintien d’une apparence jeune et en bonne santé, ainsi que les tendances de la mode, favorisent l’utilisation croissante des H.E., en particulier dans les pays développés la croissance rapide et généralisée de l’urbanisation et du développement institutionnel favorisent la croissance de la demande des H.E. pour la fabrication des détergents, produits de nettoyage, d’entretien, des insecticides et des parfums d’ambiance pour des institutions, écoles, hôpitaux, etc.
- la législation de plus en plus stricte concernant l’utilisation et l’étiquetage des produits médicaux et pharmaceutiques et le développement rapide des médecines et des thérapies alternatives durant les dix dernières années ont déterminé la croissance de la demande des H.E., en particulier des produits naturels.
La Valorisation des Huiles Essentielles
La valorisation des plantes aromatiques s’inscrit dans le cadre de la valorisation des savoirs et savoir-faire traditionnels, la valorisation des produits forestiers non ligneux, la lutte contre la pauvreté, le développement des petites et moyennes entreprises et la création des emplois.
Une étude de la ONU constatait le dynamisme du secteur des H.E. et des gommes-résines à travers le monde avec les USA et le Japon comme leaders; cette étude soulignait l’absence de l’Afrique dans ce secteur, malgré ses gigantesques potentialités et l’intérêt indéniable des H.E. dans des pays à faible revenu. L’étude des plantes aromatiques s’inscrit parfaitement dans les préoccupations actuelles des pays africains à savoir l’autosuffisance alimentaire et l’amélioration de la santé des populations.
Après avoir connu un développement important dans l’économie coloniale, le commerce des H.E. s’est effondré au moment des indépendances. Maintenait assiste-t-on en Afrique, comme partout ailleurs dans le monde, à un retour vers le naturel en santé (aromathérapie) et en alimentation (aromatisation). De plus, les épices et les arômes sont connus et utilisés depuis toujours dans la cuisine africaine.
La production des H.E. en Afrique est essentiellement caractérisée par:
- l’existence d’un potentiel humain et matériel non négligeable;
- l’absence de stratégies de valorisation des H.E. dans la plupart des États du continent;
- le cloisonnement des recherches menées par des chercheurs isolés évoluant dans des Universités qui s’ignoraient mutuellement.
L'objectif est d’optimiser le développement d’un artisanat et/ou d’une industrie de production d’H.E.. I faut élaboré une stratégie de développement de la filière «H.E.» basée sur le regroupement de producteurs autour d’un distillateur et appuyé par des scientifiques de haut niveau pour le contrôle de qualité et les conseils techniques.
La Biodiversité Végétale Aromatique en Afrique Occidentale
Plantes à Huiles Essentielles de la Pharmacopée Africain Traditionnelle
Des espèces aromatiques poussent spontanément au Afrique occidentale. Elles sont utilisées en médecine traditionnelle, dans les préparations culinaires ou encore dans des pratiques rituelles. En médecine traditionnelle africaine, les feuilles des plantes aromatiques sont utilisées sous forme de décoction pour soigner le diabète, la diarrhée, les coliques ou traiter le paludisme. Les considérations basées sur les résultats d'analyse permettent de classer certaines drogues des pharmacopées africaines dans le groupe des plantes à H.E. ou dans les groupes voisins de plantes condimentaires et autres, nous autorisant ainsi a parler de leur utilisation aromathérapique. Un cas particulier de la méthode atmidiatrique concerne l'emploi des H.E.. Il s'agit là incontestablement d'une aromathérapie externe souvent utilisée dans le manifestations migraineuses, fébriles, infectieuses ainsi que pour la prophylaxie individuelle et collective des maladies épidémiques.
Quelques fois elle se confond tout naturellement avec l'atmidiatrie lors de l'emploi des bains de vapeur et des inhalations. En effet, la vapeur dégagée dans un espace clos par une eau en ébullition contenant des organes riches en essence, libère automatiquement celle-ci dans l'atmosphère de l'enceinte, réalisant ainsi une aromathérapie générale ou localisée.
La production de fumées dégagées par la combustion lente des plantes aromatiques (Hyptis, Ocimum, Thé de Gambie) jetées sur les braises disposées a l'intérieur des cases, ou même en plein air, est aussi très appréciée comme méthode d'assainissement de l'air ambiant et polir le traitement de diverses affections. Aussi n'est-il pas rare de rencontrer an milieu des villages des malades exposant successivement différentes parties de leur anatomie aux «feux médicamenteux».
Aromathérapie se confond aussi avec l'iatralitrie lors de la pratique des massages et onctions avec des organes de plantes a essence utilises fragmentés, ou pulvérises, ou en solution, ou en suspension, ou encore incorporés a des matières grasses ce qui réalise un premier stade rudimentaire de l'enfleurage (Cassia occidentalis). Dans d'autres cas, on rencontre des techniques propres a l'aromathérapie: inhalation de poudres (Ritcheia); pour des organes différemment agencés en couronnes sur la tête (Lilas du Sénégal), en bandeaux sur le cou, en ceinture au niveau du bassin (Souchet articulé), en bracelets de poignets ou de chevilles (Secudiraca); matelas de feuilles fraîchement coupées disposées sur une natte et servant de couche au malade (herbe puante), etc.
Dans la Région Ouest Africaine, les feuilles d’ Hyptis spicigera sont utilisées dans la conservation des denrées alimentaires. Pluchea ovalis et Laggera aurita sont utilisées comme plantes médicinales. Ces trois espèces aromatiques sont répandues en Afrique subsaharienne et possèdent des utilisations médicinales variées. En Afrique de l’Ouest, l’Hyptis spicigera fraiche brûlée chasserait les moustiques et éloignerait les termites dans le grenier. La cendre des feuilles et des fleurs est employée en friction contre la gale. La plante entière donne une tisane fébrifuge prescrite en boisson comme béchique, expectorante et dans les infections internes.
Le Pluchea ovalis, selon les enquêtes ethnobotaniques effectuées, la décoction de ses racines est utilisée dans le pansement des plaies, les feuilles sont utilisées dans le traitement des abcès et des blessures fraiches. Concernant Laggera aurita, appelé aussi Blumea aurita ses feuilles sont appliquées en emplâtre à demeure, sur les plaies et les ulcères chroniques. On en fait également le lavement contre la constipation et la dysenterie.
Les observations émanant du savoir-faire local montrent que les paysans africains au sud du Sahara utilisent les feuilles et l’huile de pressage de graines de neem (Azadirachta Indica A. Juss) pour protéger les cultures et les greniers. Touts ce la manifeste la diversité et la richesse du patrimoine sylvestre et arbustif de la région, patrimoine souvent mésestimé et de plus en voie de disparition.
Les Huiles Essentielles en Afrique de l'Ouest
L'agriculture est la principale source de revenu des collectivités rurales. En Afrique de l'Ouest elle repose essentiellement sur les cultures vivrières et des produits de rentes telles que le coton, le café, le cacao qu'ils perdent chaque jour leur valeur marchande sur les marchés internationaux et ne contribuent plus efficacement à l’amélioration des conditions de vie des populations. Aujourd’hui, les produits d’exportation sont confrontés à une rude concurrence et parfois déloyale. Malheureusement pour les paysans, les produits de rente sont négociés aujourd'hui à des prix de plus en plus faibles, réduisant de manière substantielle leur pouvoir d'achat et les rentrées en devises sur le plan national. Les accords préférentiels qui favorisaient les pays africains s’effritent dans un environnement beaucoup plus concurrentiel de mondialisation.
Les structures de transformation des matières premières en produits semi-finis ou finis à haute valeur ajoutée sont pratiquement inexistantes. La diversification de l’activité agricole s’impose et elle ne peut être efficace que lorsque des créneaux porteurs sont bien identifiés. Penser autrement l’Agriculture en Afrique de l’Ouest doit favoriser la transformation de la matière première en produits finis à haute valeur ajoutée. Face au désintérêt croissant des marchés internationaux pour les produits de rente conventionnels, les populations locales recherchent de nos jours des activités plus prometteuses. On constate cependant que la végétation est partout exubérante et que la diversité biologique est largement sous-exploitée. Chaque pays de la région recèle d'importantes réserves de plantes médicinales et aromatiques.
La gestion durable de cette biodiversité pourrait constituer une source importante d’emplois et de revenus pour les populations locales, tout en favorisant une diversification des activités agricoles et en contribuant à la lutte contre la pauvreté, mais il faudrait que les paysans disposent dès à présent de techniques plus performantes qui tiennent compte des nouvelles exigences du marché international, en termes de conservation de la biodiversité et de la qualité des produits finis.
Les agriculteurs locaux cultivent déjà des herbes aromatiques telles que le basilic, la citronnelle et le thym. La transformation de ces plantes en H.E. entrant dans la fabrication de savons, de cosmétiques, de détersifs et de produits ménagers divers pourrait être une activité encore plus lucrative tout en permettant à la région de conserver ses devises.
Une étude de marché a permis d'identifier des produits porteurs dans le domaine des H.E.. L'Afrique de l'Ouest importe, par exemple, une importante quantité d'essence de citronnelle pour répondre aux besoins des producteurs de savons et d’utilisateurs divers. Pour satisfaire à la demande locale, le Togo, le Ghana et le Bénin importent la presque totalité de leurs H.E. d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord. La demande totale de l'huile de citronnelle est estimée à 500 tonnes par année dans le Togo, le Bénin et le Ghana. Au fait, ce produit n'est pas véritablement de l'essence de citronnelle. C'est un mélange complexe de sous-produits de synthèse, dont les caractéristiques organoleptiques peuvent varier d'un fournisseur à un autre et selon les origines.
La production industrielle d'herbes fines pourrait favoriser la mise en place d'une industrie de production des H.E.. La préoccupation des producteurs est de fournir d'abord le marché intérieur, tout en renforçant progressivement leurs capacités propres pour assurer une production de qualité et en quantité suffisante pour un marché extérieur plus exigeant. C'est une démarche qui est tout à fait raisonnable. L'essence de citronnelle de production de l'Afrique de l'Ouest est un produit d'une excellente qualité contenant 35 à 48 % de citronellal et 18 à 24% de géraniol. La teneur en citronellol varie de 6 à 10%.
Les gros consommateurs et les savonneries en particulier exigent un produit de bonne qualité à un prix concurrentiel et une garantie de livraison dans les délais convenus. C'est pourtant une nécessité économique que de promouvoir ces micro-activités qui assurent un meilleur partage des revenus et un développement durable au sein des communautés locales.
Trois variétés de basilic sont régulièrement cultivées au Afrique de l'Ouest. L'essence de basilic de type français est la plus intéressante pour les producteurs locaux. Il existe un marché pour ce produit en Europe et en Amérique du Nord. La culture du basilic est presque une habitude dans les campagnes, mais la production d'essence de basilic exige des alambic que doit être en tôle inoxydable.
Les H.E. d’aneth (Anethum graveolens), de Cymbopogon schoenanthus et d’Eucalyptus Camaldulensis sp. ont des propriétés insecticides très intéressantes. Certaines catégories d'H.E. sont utilisées par les pâtisseries. D'autres sont utilisées dans la production de pommades à base de beurre de karité. Il faut contribuer à valoriser les capacités internes, constituant ainsi un socle sur lequel viendra se poser une exploitation tournée vers l'extérieur.
Afin de réduire leur dépendance à l'égard des importations et d'augmenter les emplois dans les régions rurales, c'est importante favoriser la création de petites entreprises productrices d'H.E. tirées de plantes locales comme le thé gambien, la menthe, le basilic, la citronnelle, l'eucalyptus, et autres plantes autochtones.
La production d'huile d'eucalyptus peut aussi aider à atténuer l'érosion du sol et les dégâts environnementaux en favorisant la conservation de la couverture arborescente naturelle. Le processus comporte uniquement la coupe de branches d'arbres, qui se régénèrent rapidement.
Dans quelques pays d'Afrique (Bénin, Ghana, Togo, Maroc, Rwanda et Guinée), ils sont en cours des expérimentations visent à favoriser l'acquisition des compétences nécessaires à l'extraction d'huiles à partir de diverses plantes, dont le thym, la verveine, la menthe, le basilic, l'absinthe et le géranium. Les H.E. et les arômes extraits de plantes permettent la fabrication de produits naturels tels que des lotion anti-moustiques à base d'essence de citronnelle, que remplace avantageusement des insecticides chimiques très agressifs et souvent toxiques, jus naturel aromatisé, sirop de citronnelle, arôme de menthe, d'orange et de mandarine utilisé par les pâtissiers et les glaciers, colorants alimentaires, pommades à base d'essence de plantes et de beurre de karité pour lutter contre les champignons de la peau, essence de vétiver et vernis de henné.
Les études de marché locales et régionales ont révélé que ces produits naturels présentent tous un fort potentiel commercial et qu'ils devraient créer de l'emploi et augmenter le revenu des personnes les plus nécessiteuses des pays en question.
Les résultats des tests biologiques montrent que les H.E. des plantes aromatiques de la flore locale, répandues par ailleurs en Afrique de l’Ouest, présentent une activité insecticide. Ces H.E. et l’huile de graine de Neem sont plus toxiques pour le ravageur que l’insecticide commercial, l’endosulfan.
Ces résultats permettent de penser que ces extraits végétaux que l’on est en mesure de produire localement pourraient remplacer dans les petites exploitations rurales les produits chimiques fort dangereux et coûteux. Contrairement aux insecticides chimiques, les insecticides naturels sont constitués de plusieurs composés à mécanismes d’action multiples, ce qui peut retarder l’apparition de populations résistantes quant à leur utilisation en agriculture. Le bilan environnemental souligne l’importance, dans les pratiques agricoles actuelles, de la recherche d’alternatives à l’utilisation de l’endosulfan à travers l’évaluation de l’activité insecticide des H.E. de cinq plantes aromatiques locales et de l’huile de la graine de Neem.
La recherche indique que les H.E. issues de plantes aromatiques de la flore localeainsi que l’huile de graine de neem possèdent vis-à-vis des arthropodes des actions létales et sub-létales. Elle nous renseigne aussi que le scolyte H. hampei est le ravageur le plus important, capable de causer des dégâts énormes et des pertes significatives. La lutte contre ce ravageur reste pour l’heure essentiellement chimique malgré les problèmes de résidus d’insecticide dans les récoltes et d’apparition d’insectes résistants aux produits.
De l’analyse de la composition chimique et du pouvoir anti diarrhéique des H.E. de Lippia multiflora et Ocimum gratissimum, il ressort qu'ils ont un pouvoir bactéricide et antibactérien sur les souches bactériennes à l’origine des diarrhées chez l’homme. Les effets bactéricides des H.E. de ces deux plantes traduisent leur implication dans le traitement des diarrhées dans la pharmacopée.
L’activité insecticide des H.E. sur les arthropodes des stocks de denrées alimentaires a été largement démontrée. Ont rapporté que l’H.E. de Ocimum basilicum présente une toxicité létale pour le coléoptère Acanthoscelides obtectus, la bruche du haricot. L’activité insecticide des H.E. d’Ocimum canum et d’Ocimum Basilicum sur Callosobruchus maculatus a été démontrée. L’activité insecticide de l’H.E. d’Ocimum gratissimum sur Tribolium castaneum est caractérisée principalement par l’inhibition de la nymphose des larves âgées. L’H.E. de Cymbopogon schoenanthus L. Spreng. inhibe les stades de développement de Callosobruchus maculatus (Coleoptera: Bruchidae).
Le développement des Plantes Médicinales sous forme d’Huiles Essentielles
Aujourd’hui, dans les possibilités de création d’entreprises dans des nombreux domaines encore non exploités et qui donnent des grands espoirs d’avenir, c’est le cas de la production et la transformation des huiles qu’elles soient alimentaires ou essentielles. En effet cette activité très liée à l’agriculture est une activité à effets multiplicateurs. Le procédé d’extraction de ces H.E. (H.E.) présente plusieurs avantages:
- Conception relativement simple
- Utilisation d’eau comme unique solvant (aucune source de pollution organique).
- Les huiles végétales extraites à la presse serviront dans la fabrication entre autre des savons dont les parfums feront appellent aux H.E. déjà extraites.
L'extraction par la vapeur est un procédé assez simple et peu coûteux qu'on peut facilement adapter aux régions rurales. Les techniques d'extraction par la vapeur s'apprennent aisément en quelques semaines et ne réclament aucun procédé industriel perfectionné. Le procédé d'extraction de l'H.E. n'a rien de déroutant pour les africaines parce que il ressemble, en effet beaucoup à celui de la fabrication du alcool local obtenu en distillant du vin de palme dans un alambic.
Divers projets en Afrique ont exploré la possibilité d'extraire des H.E. à partir de plantes indigènes, à l'intention des marchés locaux et internationaux, et de développer ainsi différentes petites industries rurales d'essences végétales. Le but principal des technologies propres est la création d'emplois et de sources de revenu. Le défi est de choisir des technologies qui valorisent des produits à haute valeur ajoutée dont profiteraient des populations défavorisées, souvent isolées et avec peu de moyens de communication.
Le but est de mettre à la disposition de la population des Plantes Médicinales Locales (PML) sous forme d’H.E. (H.E.) après culture et distillation. L'intérêt se manifeste à plusieurs niveaux tant économiques que socio-culturels:
- valoriser les PML en les utilisant sous forme moderne et stable et en les dotant d’une très grande efficacité.
- développer une technique moderne de transformation des Plantes Médicinales.
- développer une technique de production et de transformation qui intègre le monde rural et le milieu artisanal et permet aux producteurs et transformateurs de valoriser leur travail au plan socio-culturel et de prendre conscience de leur réalité.
- éviter les blocages administratifs qui interdisent l’utilisation des PML sous les formes galéniques classiques. Cette démarche est conforme à celle adoptée par de grands pays modernes comme les États-Unis ou la France, dont la consommation de médicament sous forme d’H.E. a triplé en 20 ans.
Objectifs Choisir des plantes adaptées au but défini. Ce choix a été fait au cours d’études très sélectives. Les conditions suivantes ont présidé à ce choix :
- plantes dotées d’une efficacité reconnue par la tradition et les travaux scientifiques.
- plantes qu’on peut récolter en quantité suffisante ou cultiver facilement pour éviter les ruptures de stock.
- mise en place de plantes et de méthodes de culture appropriées.
- éviter les plantes à nématodes ou fragiles aux parasites et donc choisir des plantes qui ne nécessitent pas de traitement insecticide.
- choisir des plantes à ramassage échelonné le long de l’année pour éviter des stockages coûteux.
- mise en place d’un système de distillation approprié
- utiliser un distillateur mobile pour distiller en plein champ de manière à recueillir le maximum d’H.E. de la meilleure qualité possible.
Mise à la disposition du consommateur:
- tout au long de l’année dans les centres de santé communautaires
- montrer que des produits locaux peuvent être dotés d’une efficacité aussi importante que les médicaments importés.
Stratégie Associer les producteurs de PML.
- en cas de ramassage apprendre aux ramasseurs à choisir des produits sains et à ne pas abîmer les plantes, et les rémunérer correctement.
- en cas de culture, apprendre aux cultivateurs à appliquer des méthodes de culture naturelle de haute productivité.
Au niveau distillation:
- former des artisans au savoir précis de la distillation.
Au niveau du conditionnement
- former des techniciens à conditionner les H.E. avec précision.
Au niveau de leur utilisation dans les Postes de Soins de Santé communautaires
- montrer aux agents de santé et aux populations que les produits locaux confectionnés avec des principes de management moderne rivalisent avec les produits importés.
- assurer un autofinancement de l’action qui est la seule technique d’un développement durable.
- la mise à disposition des H.E. doit permettre de couvrir les frais de production et de développer l’action.
Les moyens requis pour mettre en oeuvre cette action existent:
- choix d’une première plante de grande utilisation: c’est la citronnelle africaine (Cympobogom giganteus);
- faire des micro distillations pour procéder à des analyses d’identification de la plante: en effet, leur richesse en certains composants permets de prévoir leur efficacité;
- trouver des terrains de culture adaptés et des cultivateurs préparés: ils existent dans les périmètres maraîchers.
- disposer d’un distillateur: il est nécessaire de l’acheter.
- disposer de matériel de conditionnement: verrerie et cartons. Il est nécessaire de les acheter.
- disposer de moyen de livraison: il est nécessaire d’acheter une voiture.
- disposer de une source énergétique renouvelable (solaire) car la limitation pour la production est principalement énergétique, puisque les H.E. sont le plus souvent produites par distillation à la vapeur d’eau et la génération de cette vapeur nécessite une énergie importante. Ces coûts en énergie restent difficilement surmontables, soit pour une production industrielle ou semi-industrielle que pour une production à l’échelle communautaire à haute intensité de man d'oeuvre. L’énergie électrique ou les énergies fossiles sont très chères, tandis que l’utilisation du bois ou du charbon n’est pas proposable car évidemment elle n’est pas écologiquement soutenable.
On disposé déjà d'un système pour la production de eau chaude solaire, perfectionné pour travailler avec la distillation à la vapeur d’eau et la génération de vapeur.
Étude Financière Éléments préalables:
- Études de faisabilité: elles ont été faites.
- Disposition d’un micro-distillateur: disponible car déjà acheté.
- Disposition d’une technicienne spécialisée en ces domaines et prête à travailler dès que les crédits seront disponibles: disponible et prête à travailler.
- Des laboratoires spécialisés en analyse d’H.E. sont prêts à les faire.
Pérennité de l’Action.
Les études faites montrent que cette utilisation des Plantes Médicinales Locales,(PML) par les H.E. pourrait contribuer au développement de l’agriculture et permettrait d’éviter l’achat de certains médicaments à l’étranger.